La critique d'une des idéologies du démocratisme est toujours ambiguë, car se plaçant nécessairement sur le terrain du capitalisme, donc sur une option réformiste, même si elle prend une forme radicale. En cela, tout discours est inutile, superflu. Au final, seul le mouvement historique comptera, et il se passera de nous et de nos discours, puisque nous serons morts. Ces textes ne seront plus qu'un témoignage de nos gesticulations pour comprendre par quel processus notre humanité nous échappe, et c'est très bien comme ça.
Le 02/05/20
Critique du Cousinisme (guerredeclasse.fr), ou de la radicalité posée comme dogme :
"Lancer des phrases ronflantes, c'est le propre des intellectuels, petits bourgeois déclassés... alors que vous, chers "communistes de gauche", on ne voit à vrai dire qu'un "renforcement de la liaison organique" entre une phrase ronflante et une autre phrase ronflante. C'est là une piètre "liaison organique"
(Ce bourrin de...) Lénine mai 1918
La formule souvent entendue : « de l’extrême droite du capital à l’extrême gauche du capital », lorsqu’elle est employée dans le but de s’extraire de ces catégories, est une absurdité idéologique. Il est impossible d’échapper à cette contradiction : la critique du capital, aussi radicale soit-elle, reste toujours une critique au sein du capital, et donc limitée par ce carcan économique, politique, idéologique. La plénitude de la critique du capital ne pourra s’envisager qu’une fois le capital détruit, simplement parce que les conditions de cette critique seront enfin réunies pour son achèvement. Les critiques du capital au sein du capital peuvent cerner partiellement le capital mais certainement pas l’aborder dans sa globalité, parce que cette maturité du capital n’est pas atteinte. (La chouette de Minerve...)
De même que le capital recèle dans ses flans les germes de la société future (communiste), de même la critique du capital ne peut être qu’embryonnaire tant qu’il n’aura pas atteint la plénitude de ses possibilités d’exploitation, c’est à dire le bout du bout de ses contradictions : son effondrement par implosion, et donc l’abolition des classes et du salariat.
De même il existe un déterminisme historique dans l’évolution des forces productives, de même les idéologies engendrées par le démocratisme ainsi que les analyses théoriques du fonctionnement du capitalisme sont dépendantes de l’avancement des contradictions du capital, et n’expriment qu’un moment du capital.
Comme une photo n’est qu’un cliché, voir l’ensemble du film suppose son achèvement historique.
Le monde marchand n'a pas besoin d'être pensé pour exister, évoluer. Qu'il soit finement analysé ou grossièrement appréhendé ne change rien au cours de l'histoire.
Toutes les critiques du capital sont bonnes à prendre, car elles reflètent l’état du capital au moment où elles sont dites. Nécessairement limitées, elles s’effondreront avec le capital, pour laisser place à un niveau de conscience supérieur, universel et local, abolissant les dernières contradictions de nos vies retrouvées.
Ce qui implique que les querelles en radicalité n’ont aucun sens, et font le jeu du démocratisme.
Il ne s’agit pas ici de nier l’apport de Francis Cousin (quoiqu’il en conteste la réalité), mais de se demander pourquoi il s’accompagne d’un sectarisme intransigeant.
Force est de constater que le jargon employé, les phrases alambiquées sont destinées à un public restreint, averti. Cette volonté de complexifier une réalité qui n’en n’a pas besoin correspond à ce fameux narcissisme par ailleurs tant dénoncé. Faire partie de l’élite conscientisée se paye par la lecture de phrases interminables au style ampoulé à la limite du compréhensible. Derrière la volonté de n’être compris que de quelques uns se cache toujours le désir de pouvoir de l'élite.
On nous prend pour des cons.
Si Cousin n’apporte rien de nouveau, pourquoi ce non apport doit-il être rédigé dans des phrases aussi alambiquées que démesurément longues ? Ce jargon est-il absolument nécessaire à la bonne compréhension du déjà énoncé clairement ?
Vous pouvez ajouter le mot « indistinction » ou bout de chacune de vos phrases, vous ne faîtes là que souligner un des caractères du fétichisme de la marchandise. De même le mot « spectacle » n’est-il qu’un aspect de cette fameuse marchandise. Réduire, sous couvert d’innovation (non assumée, mais sinon, quel intérêt?), la marchandise à une de ses manifestations n’éclaire pas davantage.
Ce discours s’accompagne d’un jugement aussi définitif qu’expéditif où le sous-entendu « si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous » a déjà été entendu dans d’autres bouches moins bienveillantes. Les leçons de « Cousinisme » se suivent, se répètent pour finalement éclore dans son plus juste conseil : il faut creuser, lire, mais (oublie-t-il) aussi interroger les textes.
La question de la motivation de Francis Cousin reste posée.
Soit il agit pour la clarté du temps présent et de ses perspectives , soit il organise son aura. Ou les deux.
Chacun tranchera.
Le 01/08/2015
Soralisme :
Le Soralisme n'est évidemment pas une idéologie, et ne devrait logiquement pas figurer dans ces pages. Juste un poil à gratter qui s'affuble d'un nouveau vocable : dissidence. La nouveauté n'est pas dans le mot, mais dans son emploi, quelque peu abusif. Il y a nécessité, dans cette fonction du recyclage idéologique, à embellir l'habillage. Aussi, la dissidence se proclamera "authentique". J'ai longuement hésité avant d'exposer ces quelques réflexions, puis j'ai faibli face au succès de son site :
Je décidais donc de me payer Soral.
J'aurai intitulé mon ouvrage « Soral le bouffon », et je me mis au travail, plein de cœur à l'ouvrage. Mais la paresse le disputant à l'indifférence, je renonçai rapidement, la lecture de « Comprendre l'empire » ne présentant au final que peu d'intérêts. Cette littérature suspendue à ces trois points répétés systématiquement ne présente pas d'aspérité, de points d'accroche, et je décidai de ne pas poursuivre au delà de quelques paragraphes. Le bonhomme est bon à l'oral, quoi que confondant agressivité et conviction, mais l'écriture est sans grâce ni originalité, pleine de fadeurs et de banalités. Il se vante de ne pas avoir de contradicteur, mais la tache est fastidieuse, en tout cas au-dessus de mes forces.
Il se dit patriote. La ringardise est sans limite. Ce recyclage d'une idéologie du XIX°, début XX° a le fumet du réchauffé, il faudrait au moins changer la marmite.
Il veut réconcilier, soit. La belle idée.
Il distingue l'Islam des racailles et L'islam véritable.
Il revendique un catholicisme traditionnel.
Mon penchant naturel me pousse à refouler ces deux idéologies aux orties. Les dénoncer comme nuisible, m’ébouriffer pour éloigner les derniers effluves de ces résidus pétrifiés dans le temps et l'espace de la pensée.
Réconcilier, soit. Mais pas sur des balivernes, aux relans flétris et nauséabonds. A quoi bon tenter d'accorder deux religions qui n'ont pour but que de séparer les humains ?
Vouloir réconcilier des idéologies, c'est ne pas comprendre leur essence, leur fonction historique. C'est se condamner à les subir, à regarder le train passer. C'est voué à l’échec, le mauvais trou de la mauvaise lorgnette.
C'est qu'elles collent à la peau, les vaches ! A moitié moribondes, elles ressuscitent, s'incrustent, se pavanent dans les replis du cerveau.
La belle reculade, le monothéisme.
Gauche du travail, droite des valeurs ? Eut-il fallut que les termes droite et gauche aient encore un sens, je ne vois pas bien en quoi la gauche n'aurait pas de valeurs, et la droite pas de boulot. Le slogan, c'est sa fonction, ne veut rien dire, est un attrape tue mouches. Gauche et droite participent du même monde marchand, ronflant au service du même capital, selon l'humeur.
Ah oui, il est anti-sioniste, la belle affaire ! Ce n'est pas le premier, je n'ai pas vu quoi que ce soit de neuf ici. Bâtir toute sa réputation sur la dénonciation du lobby juif, c'est un peu court. Mais ça marche, parce qu'ils n'aiment pas, les juifs. Alors, ils persécutent, et c'est bon pour le look.
Ah, se payer Soral sans efforts, j'en rêve.
Rentrer dans le détail, c'est douloureux.
« Comprendre l'empire » me tombe des mains, et pourtant. L'acheter m’était paru un acte dissident. Fébrile, à la caisse du supermarché de culture en bâtons, je m'interrogeais. La belle caissière, issue de l'immigration, savait-elle qu'elle scannait de la dynamite ? Avait-elle conscience du brûlot qu'elle rangeait négligemment dans ce sac plastique orné des quatre lettres FNAC ? Cette pub incongrue avait-elle le pouvoir d'effacer les ondes subversives qui émanaient naturellement de l'ouvrage ?
« - 15€ 50, s'il vous plaît. »
Terre à terre, la nana.
Et ça fait cher le frisson, au final.
Éphémère, le frisson.
Le petit bouquin est sagement rangé dans ma bibliothèque, attendant patiemment que je me penche un peu sérieusement sur son sort. Coincé entre Meyssan et La Vielle Taupe, il passe inaperçu, disparaît discrètement, sans faire de bruit.
Un jour, peut-être, je le ressusciterai.
En attendant, je m'interroge. Quel attrait, sur quel artifice repose cet incontestable succès ?
Un site remarquablement intelligent, qui informe sans demander d'efforts car basé sur des vidéos, et non sur des écrits. Le goût de l'interdit, le sentiment de participer à une aventure idéalisée, sans risques. Toutes sortes de sensations que j'ai ressenties en suivant de près l'aventure révisionniste au temps où elle n'avait qu'une audience confidentielle.
La pertinence de « La gazette du Golfe et des banlieues », du tract « Auschwitz et le grand Alibi » et de « La vieille taupe » ont été une découverte au délicieux parfum de clandestinité.
Mais les forces de la subversion se moquent des précurseurs, elles les renvoient paître à leurs chères études, quand elles ne les poussent pas à la déraison, au désespoir.
Alors je me suis protégé, j'ai refusé tout contact autre qu'amicalement éloigné, sans doute parce que je n'avais pas l'envergure, ni l'ambition de faire bouger les lignes. Mais j'ai aimé être présent, parce que c'est « la qu'ça s'passe »
Mais Soral ? Pas vu.
J'ai pas tout lu, je revendique le droit de parler de ce que je ne connais pas, ou mal, sans quoi nous serions bien des taiseux.
Mais « Comprendre... » oui, j'ai lu, et relu, d'accord ou pas d'accord, on s'en fout parce qu'il brasse du vent, et que c'est chiant, le vent, insaisissable, le vent.
Avec un parapente, au pire.
Dors tranquille, Soral, je vais faire une sieste.
Il va sans dire que les écrits ici exposés, en tant que modeste contribution à l’expression d’une perception de la réalité du moment, peuvent être copiés, cités, déformés, utilisés. Ils sont mis à la disposition de ceux qui y trouvent un intérêt, ni plus ni moins. En cela, ils n'ont aucune valeur marchande et n'appartiennent qu'à ceux qui en prennent possession. Ils ne se conçoivent que dans l'anonymat, non parce que l'auteur ne les assume pas, mais parce ce travail ne peut être compris que comme une évidence.