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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 16:06

La critique d'une des idéologies du démocratisme est toujours ambiguë, car se plaçant nécessairement sur le terrain du capitalisme, donc sur une option réformiste, même si elle prend une forme radicale. En cela, tout discours est inutile, superflu. Au final, seul le mouvement historique comptera, et il se passera de nous et de nos discours, puisque nous serons morts. Ces textes ne seront plus qu'un témoignage de nos gesticulations pour comprendre par quel processus notre humanité nous échappe, et c'est très bien comme ça.

 

 

Février 2013

 

REVOLUTIONNARISME/REFORMISME

 

"Agiter le peuple avant de s'en servir"

Talleyrand

 

"Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner."

Warren Buffett

 

"Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes"

Rosa Luxembourg

 

"Le mouvement de mai 68 ne fut pas une quelconque théorie politique qui cherchait ses exécutants ouvriers ; ce fut le prolétariat agissant qui cherchait sa conscience théorique"

(IS)

 

"La où commence le Pouvoir finit la Révolution; la où commence l'organisation du Pouvoir finit l'organisation de la Révolution"

Voline

 

"Eh bien, messieurs, voulez-vous savoir de quoi cette dictature a l'air  ? Regardez la Commune de Paris. C'était la dictature du prolétariat."

Engels

 

 

Toutes les expériences passées de révolution se sont achevées dans un bain de sang, et ont été détournées de leurs buts originels. Au vu du désastre des révolutions dites communistes, avec leurs millions de morts et l'institution de dictatures bureaucratiques, nous nous devons de n'agir qu'avec vigilance.  Si nos révoltes ont été trahies, nos espérances foulées aux pieds des récupérateurs de tout poil, c’est que notre conscience d’exister, de se révolter, n’avait pas atteint son épanouissement total, épanouissement qualitatif et quantitatif. Si cet épanouissement n'est pas acquit, c'est que les conditions historiques ne sont pas mûres. 

 

C’est le grand enseignement des événements passés. Il nous faut rendre visible l’ignominie de notre système, le dénoncer encore et encore, afin de permettre son effondrement sur lui-même. Ce n’est que lorsque les populations seront  convaincues du bien fondé du droit  à choisir leur destin, dans tous les domaines, que nous révolutionnerons nos vies sans effusion de sang. Il est impossible de faire des concessions sur ce point. Si l’utilisation des armes s’avère nécessaire, alors il nous faudrait impérativement modifier l’essence du mouvement, qui, par la violence, démontrerait son immaturité et sa faiblesse.  

 

La  non-violence est une condition sine qua non de la réussite d’une révolution. En utilisant les armes de l’ennemi, nous nous condamnons à un échec inévitable. Non seulement parce que nous ne disposerons jamais d’un armement supérieur à l’ennemi, mais surtout parce que l’utilisation de ces armes pervertirait l’essence même du mouvement. Et si jamais ce mouvement obtenait une pauvre et partielle victoire militaire, c’est qu’il aura été meilleur boucher d’une guerre sanglante, et ce serait donc au prix d’une corruption mortelle de son idéal, de ses objectifs.

N'ayant aucun goût pour le sacrifice ultime, il nous faudra provoquer la fraternisation des forces de l'ordre, quelles soient policières ou militaires. "Casque à terre, crosse en l'air", ce slogan doit nourrir nos actions, nos espérances.

 

Cette naïveté, ce pacifisme bêlant (petit bourgeois ?) sera notre fierté, notre étendard.

 

Il est évident que la violence dirigée contre la marchandise n'est pas une violence, mais un acte transgressif libératoire.

 

Nous sommes condamnés à la perfection dans la réflexion de notre action, et à l’exemplarité de notre action.

Nous comblerons l’apparente faiblesse du désarmement  matériel  par la mobilisation des multitudes. Car comment croire que les moyens ne conditionnent pas le but, ne sont pas intimement liés à la réussite  de l’entreprise ? Qui nous fera croire qu’il existe des maux nécessaires (les armes), des sacrifices indispensables (le martyr, la mort), sinon les idéologies du passé dont, justement, nous avons la prétention inouïe de nous débarrasser ? C’est en nous attirant sur son terrain que le vieux monde compte nous dompter, nous neutraliser.

La fin détermine les moyens, les moyens conditionnent la fin.

Le mythe du grand soir, avec son cortège de souffrances, est à reléguer dans les poubelles de l’histoire. C‘est  aussi par ce mythe que l’oligarchie au pouvoir nous maintient dans un coma social profond, un fatalisme intégré, une impuissance ingérée, une aliénation assumée. Il nous faut réinventer la révolution. Adieu le vieux mythe de la révolution fomentée par une minorité éclairée, un parti d’avant-garde ; c’est par ce genre de contes que les médiats nous infantilisent, nous réduisent à l’impuissance.

Depuis peu, le révolutionnarisme se pare de nouveaux atours, s'observe et s'auto-proclame "dissidence" dans un selfie masturbatoire. Ce parallèle avec la dissidence soviétique ne manque pas de sel, vu l'impuissance dont elle a fait preuve face à la bureaucratie soviétique. 

Nous devons réaffirmé avec clarté et force ce qui était particulièrement bien exprimé par Marx : l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.

C’est pour l’avoir oublié que les révolutions se traduisent par des bains de sang et se terminent inexorablement par des coups d’état.

Ce qui sous-entend que le prolétariat doit se méfier comme de la peste des élites et avant gardes de toutes sortes. Les avant gardes auto-proclamées sont condamnées à reproduire des bureaucraties et des hiérarchies dont le seul but, in fine, sera de s'approprier les bénéfices des luttes, et donc de les trahir, les assassiner. L'ultime but d'une quelconque "avant-garde" se doit d'être son auto-dissolution, la seule chance de toute révolution est la mort de la dissidence proclamée. 

 

Plus le prolétariat disparaît dans le spectacle du réel, plus il se prépare à se révéler essentiellement. Le surgissement de la vieille taupe est inéluctable, mais imprévisible, dans sa forme comme dans ses échéances.

 

Ainsi donc le choix serait de participer aux luttes partielles dans un cadre réformiste, les yeux grand ouvert sur l’innocuité de l ‘action, ou d’œuvrer pour le grand chamboulement dans l’obscurité d’un folklore mal assumé…

Chaque époque, chaque génération a généré sa contestation, découvrant ainsi la lune que la génération précédente avait déposée là, dans sa compréhension du leurre universel. Puis, l’âge venant, se vautrant dans un réalisme d’acceptation, sinon d’adhésion, ou mourant à petit feu dans un paradis artificiel et sans espoir .

Au delà de nos envies et de la fulgurance de nos consciences, de nos compromissions et petites lâchetés, la révolution ne sera possible que lorsqu’elle sera nécessaire, c’est à dire lorsque le système capitaliste sera au bout de ses contradictions et que tout cycle de reproduction sera matériellement impossible. Alors, l’idéologie démocratique, le démocratisme, apparaîtra pour ce qu’elle est essentiellement, une baudruche nocive et ridiculement démodée.

 

Socialisme ou barbarie, comme le formulait la chère Rosa, eh bien nous y sommes, et nous en sommes les acteurs involontaires. Loin du socialisme.
Nous devons comprendre le déterminisme historique comme défi  sans tomber dans le volontarisme narcissique. Seule la maturation des temps entraînera dans son sillage la conscience universelle, seule la conscience universelle reconnaîtra la maturation des temps. Affinons notre conscience de façon à ne pas courroucer les esprits de la révolte qui gronde, agissons chaque fois que c’est possible, moquons nous des esprits chagrins qui nous accuserons de compromission. La vie de notre théâtre est compromission, petits arrangements et sinon grands espoirs, du moins grande lucidité.

 

Le réformisme ne s’oppose pas au révolutionnarisme (ce qui signifie que le démocratisme spectaculaire met en scène leur opposition), ils sont complémentaires et utilisés à bon escient selon les cycles du capitalisme, laissant systématiquement les prolétaires sur le bord de la route.

Sans quoi toutes les luttes menées par nos anciens, toutes leurs pauvres victoires si chèrement obtenues, tous les acquis si chèrement payés ne signifieraient plus rien ! Nada, que couic… Bien sûr que non, c’est le démocratisme qui oppose réformisme et révolutionnarisme, ce sont les mêmes qui parlementent sans fin pour 0,5 % d’augmentation un jour et renversent la table le lendemain.

 

Qui va jeter la première pierre, quand les luttes existantes n’existent que dans l’impossibilité historique du renversement  nécessaire ?

Qui va dénoncer l’obligatoire compromission de ces luttes, quand aucune perspective réellement  révolutionnaire ne pointe à l’horizon ?

La cohérence du prolétariat, de ses luttes, ne surviendra que lorsque les conditions d’évolution du capital mondialisé les rendront nécessaires.

 

 

Il n’y a pas de traîtres, ni de héros, il n’y a que l’expression possible des luttes en cours et leur succès, ou pas. C’est pourquoi nous revendiquons l’héritage de toutes les luttes , de tous les combats, sans rien renier de la moindre miette cédée par le capital mondialisé, le démocratisme.

Toutes les réformes du démocratisme spectaculaires sont bonnes à prendre si elles améliorent si peu que ce soit les conditions de vie, mais elles sont vouées à un échec retentissant et doivent être dénoncées en tant que telles, car ne s’attaquant qu’à l’écume des apparences, ignorant superbement la réalité du démocratisme à visage (grimaçant) humain : la marchandisation de la vie.

Toutes les solidarités sont bonnes à prendre, bien que dérisoires et fatalement perdues dans l’ignoble spectacle de la charité cathodique.

Tous les appels à la citoyenneté sont respectables, bien qu’entachés structurellement par l’infamie d’une collaboration revendiquée avec le spectacle marchand.

Les tentatives de vie parallèle, en dehors du « système », sont dérisoires mais contentent un narcissisme qui nourrit les séparations en catégorisant l’humain.

Le réformisme, c'est-à-dire l’aménagement du capital, et donc l’acceptation du capital, est voué à une réussite partielle, c’est à dire à un échec total car ne renonçant pas à la logique de la marchandise. Il est dans l’incapacité d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé lui même sans plus oser les afficher, soit une redistribution plus juste de la richesse produite, et donc une redistribution plus juste de l’aliénation induite par ces marchandises.

 


Le révolutionnarisme, l’opposition radicalement spectaculaire du capital, c’est à dire le capital organisant spectaculairement son opposition, prétend, lui, rompre avec le système marchand, mais sans abolir ni l’argent ni la marchandise et inévitablement s’engouffre dans des logiques de continuation du capitalisme : le parlementarisme, sur lequel il compte pour se financer ou l'avant-gardisme, c'est à dire la certitude que le prolétariat ne saurait s'organiser pour enfin détruire le capitalisme; et s’organise en partis politiques, toutes structures qui le condamne à l’impuissance. Découvrant l‘inefficacité de ses gesticulations, il oublie la lutte des classes pour la défense des minorités, ce qui lui permet de s’affirmer dans le spectacle des luttes sociétales. Son acceptation du système marchand se cache dans la virulence de ses paroles et écrits. Il ne se justifie que par une surenchère verbale et des postures médiatiquement radicales, c'est-à-dire radicalement médiatiques et dont l’innocuité le dispute à l’ennui.


Les deux accompagnent le capital vers son implosion, en l’encourageant tel l’aveugle guidant le sourd dans un monde de cul-de-jatte. Les deux sont des sous produits du capital, utiles selon la période, nourrissant l’espoir ou canalisant la colère.

De même que le faux est un moment du vrai, le réformisme est un moment du révolutionnarisme, et les deux seront balayés ensemble ou le démocratisme se jouera des oppositions qu’il a lui-même créé et perdurera.

 

La bourgeoisie révolutionnaire de 1789/1793 possédait le capital naissant et se devait de prendre le pouvoir politique afin d’harmoniser les sphères économiques et politiques, et permettre ainsi l’optimisation du processus de valorisation. Harmonisation appelée « abolition des privilèges », (mais libérant le prix du grain pour le soumettre au marché, mais pressurant la petite paysannerie en l’expulsant de ses terres pour la soumettre au salariat, mais interdisant toute forme de syndicat ou association de travailleurs) pour révolutionner le politique afin de maximiser les performances, la rentabilité des investissements.

Mais le capital, dans son processus de valorisation, d’affirmation, a dépossédé la bourgeoisie. La bourgeoisie, dans sa manifestation économique, n’existe plus. Le capital constant, les moyens de production sont allés s’éparpiller sur des terres à bas coût de main d’œuvre, ou ont rejoint le « cloud ». N’existe plus que des salariés, au service du capital. Plus ou moins rémunérés, plus ou moins exploités mais salariés et donc prolétaires. Et parmi ces prolétaires, beaucoup détiennent une partie du capital sous la forme d’actions, d’assurance vie, d’assurance retraite ou autres, et c’est là le suprême achèvement du capital réalisé, achevé, mais moribond. Et la crise qui s’annonce aura l’immense vertu, en réduisant la valeur à zéro, de foutre à poil les couches aisées, qui n’auront plus que leurs yeux pour pleurer. La révolution ne se fera que sur l’effondrement du capital, et donc l’effondrement des suppôts du capital, qu’ils soient salariés ou capitalistes, c’est à dire détenteur des moyens de production, de pouvoir sur la vie, la sienne et celle des autres. Face à cet effondrement, le monde ancien perdra ses derniers défenseurs, du fait qu’il n’y aura plus rien à défendre ni à attaquer. C’est cet ultime spasme de l’histoire qui unifiera l’humanité dans son essence originelle, balayant les fantasmes de grand soir, de révolution violente, de dictature du prolétariat. Et c’est la nouvelle donne du défi révolutionnaire : abattre un concept, un système abstrait, ce qui ne saurait se produire sans à-coups, mais la conscience du cheminement permettra cette révolution sans violence.

Le prolétariat ne possède rien, sinon sa force de travail, mais il est déjà tout et donc universel (il n’a rien mais est tout), et se devra d’abolir tous les pouvoirs en détruisant la société de classes, c’est à dire en travaillant à sa propre abolition. Le prolétariat universel, pour s’autodétruire, n’a pas d’autre solution que d’affirmer sa non soumission, son émancipation du capital et cette tâche sera grandement facilitée par la disparition crisique de la monnaie, du fait de la disparition de la valeur, et donc du capital. C’est quand le plus riche des prolétaires s’apercevra que l’argent ne se mange pas que s’offrira à lui le choix de rejoindre les humains ou de disparaître.

Capital et foncier n’auront plus de sens du fait qu’aucun humain n’acceptera d’entretenir, de cultiver et de bâtir (de travailler) pour un capitaliste qui n’existe plus.

Seule cette perspective d’une révolution sans violence est non seulement acceptable mais réaliste. Tout autre soubresaut historique verra une minorité avant-gardiste s’emparer de parcelles de pouvoirs (et par là signifier sa mort), car la conscience de son action n’aura pas atteint la maturité nécessaire à son émancipation. Maturité qui ne peut surgir que par l’apprentissage, lent et difficile, c’est à dire réformiste, du prolétariat finalement révolutionnaire dans sa lutte contre le capital. Tout succès, mais aussi tout échec dans cette lutte est un pas vers cette révolution tant attendue et si nécessaire. Nous n’aurons pas à ramasser le pouvoir (Lénine) pour le mettre au service du prolétariat (ou au service d’un parti, fût-il bolchevique), mais à l’enfoncer sous terre, qu’il disparaisse à jamais, entraînant avec lui le prolétariat et l’hyper-classe mondialiste dans un gigantesque trou noir.

Opposer réformisme et révolutionnarisme n’a pas de sens, Le prolétariat est réformiste tant qu’il n’a pas effectivement réalisé la révolution. Ce sont les mêmes acteurs agissant consciemment, dans la plénitude du moment historique qu’ils vivent, mais dans l’impossibilité de transcender leur époque et les limites qu’elle impose, et ce jusqu’au moment où ces limites implosent.

Faisons confiance au peuple ou rentrons chez nous.

 

 

Spéculer sur l’organisation future d’une société communiste n’a pas de sens . Personne ne sait dans le détail comment s’organisera une communauté sans marchandise et sans argent. De même que personne au moyen âge ou sous l’ancien régime n’aurait imaginé ni la complexité du système marchand, ni l’absurdité d’une économie basée sur le profit et la concurrence, de même il nous est impossible de prévoir dans le détail l’immense éventail des rapports humains qui s’offrent à nous dans une société sans argent ni travail. Tout au plus pouvons nous esquisser à grands traits les ressorts qui jailliront spontanément par cette humanité retrouvée.

Le capitalisme n’a pas été théorisé à l’avance, mais analysé au fur et à mesure de son expansion, sans qu’aucun humain ne maîtrise quoique que ce soit , ni sur sa naissance, ni sur son évolution. Chacun réagit au coup par coup, ce qui n’est évidemment pas sans influence sur le cours des choses, mais qui ne change rien à la direction historique du totalitarisme de l’expansion marchande. Un Jaurès aurait survécut, et la première guerre mondiale aurait eut lieu malgré tout, un Hitler serait mort à la première que la seconde ravageait la planète de toutes façons. Un peu plus tôt, un peu plus tard, sous une autre forme peut-être, mais tout aussi meurtrière et dévastatrice, et ce parce que toutes les conditions de la boucherie étaient réunies et que les contradictions du capital étaient mûres pour une vaste destruction marchande. Rebattre régulièrement les cartes est une nécessité, quel qu’en soit le prix. S’en suit la nécessaire idéologie justificatrice et son cortège de mensonges historiques: le démocratisme.

 

Pour que la non-violence ait une chance de réussite, il faut que les révolutionnaires soient infiniment plus nombreux que les indifférents et les contre-révolutionnaires. Seul le quantitatif assurera la non violence, et de la convergence des énergies multiples émergera le terreau indispensable au qualitatif. Seul le qualitatif nous apportera le quantitatif, car personne ne  nous rejoindra dans la médiocrité. Quantitatif et qualitatif sont indissociables, indispensable à l’invention d’une nouvelle vie.

 

Ce qu’il est convenu d’appeler le printemps arabe n’est pas encore une révolution. Si c’était le cas, aucun grand médiat n’oserait la soutenir. Les journalistes chieraient dans leur  froc, où démissionneraient immédiatement pour rejoindre le mouvement. Il s’agit au mieux de revendications, soutenues par de très traditionnelles manifestations, mais dont le petit nombre de participants (en rapport aux 80 millions d’égyptiens) ne peut assurer le succès. Dès lors, le processus qui s’ensuit mène soit au délitement progressif, soit à la violence d’une minorité toujours avide de pouvoir, et toujours susceptible d'être infiltrée et manipulée par des forces extérieures. Il convient de plus de clairement dissocier le cas de la Tunisie et de L’Égypte, où ont émergé de réels mouvements populaires, de celui de la Libye et de la Syrie, où les forces à l’œuvre sont évidemment  armées et pilotées par des puissances aux buts non avouables : la destruction de tout régime stable dans ces contrées, l'établissement d'un  néocolonialisme par l'éclatement des peuples sur des bases religieuses ou ethniques .

 

Quelques que soient les revendications, qu’elles soient satisfaites ou non, ces manifestations ne peuvent mener à une révolution que si les manifestants s’organisent en grève générale illimitée, la seule arme de destruction massive du capitalisme, la seule arme qui associe qualité et quantité. Le seul moyen de se réapproprier notre vie, ce sont  les conseils  ouvriers, salariés qui permettront d’abolir ce système où la concurrence, la compétition, le productivisme, le profit sont les seules valeurs reconnues.

 

La grève générale illimitée n’est pas une revendication, elle est une affirmation de force,  elle est la révolution, elle est la lutte finale, elle est le bouillonnement créatif de tous  pour tous, elle est l’abolition du salariat, de l'argent, elle est la promesse d’un avenir radieux.

 

C’est pour l’avoir oublier que nous courrons d’échecs en échecs. C'est en se la réappropriant que nous volerons vers notre destin. 

 

 

Il va sans dire que les écrits ici exposés, en tant que modeste contribution à l’expression d’une perception de la réalité du moment, peuvent être copiés, cités, déformés, utilisés. Ils sont mis à la disposition de ceux qui y trouvent un intérêt, ni plus ni moins. En cela, ils n'ont aucune valeur marchande et n'appartiennent qu'à ceux qui en prennent possession. Ils ne se conçoivent que dans l'anonymat, non parce que l'auteur ne les assume pas, mais parce ce travail ne peut être compris que comme une évidence.

 

 

 

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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 15:53

La critique d'une des idéologies du démocratisme est toujours ambiguë, car se plaçant nécessairement sur le terrain du capitalisme, donc sur une option réformiste, même si elle prend une forme radicale. En cela, tout discours est inutile, superflu. Au final, seul le mouvement historique comptera, et il se passera de nous et de nos discours, puisque nous serons morts. Ces textes ne seront plus qu'un témoignage de nos gesticulations pour comprendre par quel processus notre humanité nous échappe, et c'est très bien comme ça.

 

Septembre 2012

"Les bons artistes copient, les grands artistes volent"

Pablo Picasso

 

Les artistes s’approprient la parole de l'humanité désabusée .

 

L'art, en tant qu'activité séparée, ne peut que célébrer la mort du vivant. Il est le symbole de la vitrification de l'humain.

 

Le démocratisme met en spectacle son expression, il la canalise, la contrôle, puis la magnifie, la sacralise dans les livres, les musées, et désigne au peuple quels sont les artistes qui peuvent prétendre à une notoriété, quelles sont les œuvres qui passeront à la postérité.

 

Dans toute cette production, comme dans tout ce qui est humain, le sublime côtoie le nullissime, l’un est nécessaire à l’autre pour affirmer son existence.

 

Mais qu’ils soient vrais ou faux, c'est-à-dire reconnus ou pas, les personnes qui se disent artistes se lovent dans le système avec délectation,  et s’approprient la parole en la volant au reste de l’humanité.

  

Ce qu'on  appelle l'art primitif n'est évidemment pas de l'art. C'est une expression du sacré des communautés primitives où la vie ne connaissait pas d'activité séparée. Du sacré, nous sommes passés à l'art religieux, puis à l'art classique, pour s'engourdir dans l'art moderne, ou contemporain. Cette folle course à la marchandisation accompagne l'artiste dans son suicide créatif.

 

L'art est toujours un art officiel, l'expression de la classe dominante, produit par et pour elle. Plus il se prétend subversif, plus il se couche dans l'abjecte prostitution. L'unique possibilité pour une expression quelconque d'échapper à cette fatalité, est de s'extirper du monde de la marchandise, du spectaculaire marchand. C'est en perdant toute valeur marchande qu'une expression rejoint le vivant réel, l'humain réunifié, réalisé.

  

Les artistes défendront toujours les droits d’auteur, la propriété intellectuelle, deux notions dont le but est de s’accaparer l’expression des peuples. Ils se nourrissent de la créativité populaire, qu’ils pillent sans vergogne, pour la digérer et la recracher à leur pauvre sauce tout en réclamant des droits d’auteur. Ils se servent dans le vaste patrimoine de l’humanité, sans même le signaler, puis l’enrobent d’une soit disant modernité dans l’ultime espoir d’une reconnaissance qui ne peut être que tristement financière.

 

Ceux qui font une spécialité de s’exprimer, et prétendent en vivre, sont des usurpateurs. Ils revendiquent le monopole de la créativité, alors qu’ils ne font que restituer contre monnaie sonnante et trébuchante l’écume de leur temps, qui leur est gracieusement distribuée.

 

Leur soi-disant créativité se résume bien souvent à produire du neuf à tout prix. Notre époque est affligée d’une nouvelle maladie, l’originalisme. Comme si, pour créer, il suffisait d’être prétendument original. Les excès en tout genre auxquels nous assistons en sont la quintessence, mais ne reflète que la pauvreté d’une société qui n’a plus qu’un repère ultime, l’argent. L’argent est le seul critère objectif qui nous est proposé pour évaluer une œuvre. L’intérêt d’une quelconque production (artistique ou non) est purement culturel, subjectif. C’est pourquoi il est primordial d’organiser un marché, qui en objectivant la valeur, permettra d’une part de se faire des couilles en or, et d’autre part de rappeler aux manants que cet univers leur est inaccessible, et qu’il leur est juste demandé de payer et de se taire.

 

L’originalisme, c’est la maladie infantile du créativisme,. Ainsi sommes-nous censés nous prosterner devant le maître du noir (Souillac) ou admirer un vieillard en train de se faire torcher le cul sur scène par son fils, puis d’en badigeonner l’image du Christ (Sur le concept du visage du fils de Dieu). Le problème n’est pas le message, l’apport qui pourrait s’exprimer dans une œuvre, quelle qu'elle soit, mais l’impérieuse nécessité de faire du jamais vu dans l’ultime espoir de rejoindre le panthéon des élus : les artistes.

 

Dans leur mépris du monde profane, les artistes ignorent la répétition du geste millénaire, qui, dans la recherche de la perfection, apportera la réelle nouveauté à l’œuvre accomplie. Bouffis d’orgueil, adorant leur propre  image, ils avancent tels des aveugles dans un monde créé par des tacherons qu’ils dédaignent.

 

La notion de plagiat est une invention des puissants, un moyen d’asservissement ; que ce soit un texte, un tableau, une musique, à partir du moment ou il est écrit, peint ou joué, il appartient au patrimoine humain et toutes et tous peuvent se l’approprier ; tout est plagiat, rien ne se perd, rien ne se crée, que ce soit dans le domaine des sciences ou de l’humain.

 

Les artistes n’ont la parole que parce que nous nous taisons. Quiconque prétend être un artiste, un créateur, tente à s’identifier au divin, et en conséquence ne conçoit les humains qui l’entourent que comme de futurs adorateurs.

Ils construisent leur univers sur la destruction de celui de leurs frères et sœurs en humanité, qu’ils bâillonnent en toute impunité, sous l’acclamation des bâillonnés eux-mêmes. Les non-artistes, réduits en esclavage par le travail, intègrent leur non créativité  comme évidente. Ils cautionnent et magnifient les « artistes » en finançant leurs œuvres grâce aux maigres revenus de leur activité salariale, par essence non créative. Ainsi, la boucle est bouclée, et que chacun garde son rôle !

 

L’élitisme, l’hermétisme sont les mamelles qui nourrissent l’artisme.

 

Il s'agit bien ici d'abattre la culture, monopole privatisé (accaparé) par les artistes, pour se réapproprier l'expression de notre humanité. La démocratisation de la culture ne signifie pas donner à tous la possibilité d'aller au théâtre comme spectateur, mais l'appropriation par tous de vivre le théâtre qu'il désire, c'est à dire d'abattre le théâtre.

 

La culture est la négation du vivant, elle pétrifie la création, elle est le symbole du séparé qui se montre comme quintessence de l’être, elle atomise l’humain pour mieux le vitrifier.

 

La culture est la bouée de sauvetage du spectacle,  elle spectacularise  ses  échecs comme ses victoires, elle embrasse tout ce qui est humain et l’étouffe, puis jette aux chiens cette marchandise frelatée  dans les musées  de la réification universelle.

 

En nous réappropriant notre vie, nous détruirons la culture, la dénonçant comme métastase du capitalisme mortifère, comme marchandise à jeter  car non recyclable. Ainsi elle se décomposera sans bruit mais embaumant d’un parfum fétide le peu d’atmosphère qui nous reste. Nul besoin de brûler la Joconde ou d’abattre les cathédrales, mais bien d’abolir la production systémique d’œuvres spécialisées par une élite arrogante, narcissique et castratrice.

Sans élite, pas de bas peuple, personne pour appeler maître un bouffi d’orgueil cachant mal son mépris pour le reste de l’humanité.

 

L’artiste moderne enrobe son discours, que sa forme soit picturale, musicale ou autre, de manière à le rendre inintelligible. Ainsi le génie jaillit du nul, et l’intelligentsia peut se pâmer et spéculer sans fin sur ces œuvres qu’un regard innocent démonte immédiatement, dénonçant la nudité du roi. Seule une œuvre hermétique conserve une chance d’être sublimée, et possède la grande qualité de pouvoir être interprétée de n’importe quelle manière, ce qui permet à tous de comprendre l’insignifiant du signifié, et de pérorer sans risque.

 

Les postulants au statut de créateurs sont nombreux et dérisoires. En quête inlassable de reconnaissance, ils se heurtent au mépris des « déjà parvenus » qui ne les conçoivent que faisant la queue pour acheter leur production, ou défiler devant leurs tristes tableaux dans les lieux spécialisés.

 

Les véritables créateurs, s’il en est, c'est-à-dire tout le monde, ne réclament ni la gloire ni l’argent, mais se satisfont du bonheur d’apporter leur pierre à l’édifice humain, c’est à dire d’apporter une nouvelle digestion de la réalité au livre de l’humanité.

 

L'art est la négation de la vie. Il est le moyen et le produit que la société spectaculaire marchande nous propose pour compenser le vol de notre humanité. Les artistes sont les vecteurs, parfois inconscients, de ce vol. 

 

Il va sans dire que les écrits ici exposés, en tant que modeste contribution à l’expression d’une perception de la réalité du moment, peuvent être copiés, cités, déformés, utilisés. Ils sont mis à la disposition de ceux qui y trouvent un intérêt, ni plus ni moins. En cela, ils n'ont aucune valeur marchande et n'appartiennent qu'à ceux qui en prennent possession. Ils ne se conçoivent que dans l'anonymat, non parce que l'auteur ne les assume pas, mais parce ce travail ne peut être compris que comme une évidence.

 

Article en cours d'écriture, à suivre...

 

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Présentation

PETIT MANUEL...

Petit manuel de déstabilisation d’un régime hostile

 

1°) Être une puissance impériale

2°) Financer tout mouvement d’opposition, aussi minuscule soit-il, revendiquant une démocratie à l’occidentale.

3°) Repérer les futurs possibles leaders et organiser des stages de formation à l’agitation à leur intention

4°) Donner un retentissement international à toute manifestation de l’opposition grâce aux médiats aux ordres.

5°) Mettre en exergue la répression brutale que ne manquera pas de commettre le régime en place.

6°) Placer quelques snipers sur  les parcours des manifestants, et tirer  à la fois sur la foule et les forces de l’ordre en place.

7°) Dénoncer la barbarie de la répression.

8°) Armer clandestinement  des groupuscules étrangers extrémistes animés par une idéologie suicidaire, les appeler rebelles et combattants de la liberté.

9°) Présenter ces groupuscules comme un mouvement populaire.

10°) Organiser  aux frontières du pays des bases d’entrainement à la guérilla qui seront présentées comme  des camps de réfugiés.

11°) Organiser le blocus de toute voix dissidente par une censure de fait.

12°) Organiser des coordinations  d’opposants  dans une capitale étrangère, et n’accepter que les informations  provenant de cette source.

13°) Bombarder,  si le contexte international  le permet,  l’armée régulière, tout en affirmant qu’il s’agit de protéger la population de la répression  du  dictateur  qui menaçait de massacrer son peuple.

 

Logiquement, le pouvoir en place tombe à plus ou moins court terme, le chaos s’installe pour de longues années,  vous avez  atteint votre objectif : vous n’avez plus de pouvoir fort  face à vous, vous pouvez  piller  sans vergogne les richesses du pays, il vous suffira d’entretenir les conflits internes (ethniques, religieux…) en organisant un attentat suicide de temps en temps. Toute couverture médiatique est maintenant superflue.

Toute ressemblance avec une quelconque situation actuelle est évidemment fortuite.

La première victime d’une guerre, c’est la vérité.

 

 

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CHOMSKY ET LE 11 SEPTEMBRE

Chomsky et le 11 septembre 2001

Petite critique d’un passage de son livre :

« L’ivresse de la force »

 

 

(Cet échange d’arguments a eu lieu en septembre 2008 en réponse à un journaliste aux yeux fermés  et aux oreilles bouchées ; les critiques sont en italique, les citations de Chomsky en caractère gras. Chomsky démarre sur les théories du complot du 11/9 et leurs « adeptes »)


 

D’abord, je ne fais pas grand cas de ces théories, mais je suis assailli de lettres à leur sujet. Ce n’est pas seulement une énorme industrie, c’est une industrie assez fanatique. (…) C’est presque une sorte de fanatisme religieux.

 

Ici je ne vois pas ce qui permet à Chomsky de dire qu'il s'agit d'une industrie, ce qui sous- entend non seulement une organisation, mais aussi une rentabilité de l'entreprise. Difficile d'avancer de tels arguments sans exposer de preuves.  Pour ma part, je ne vois que des individus qui rament pour trouver un espace d'expression un peu plus élargi qu'internet. Quant au fanatisme religieux, je vous ferai  remarquer que les religieux apportent généralement  des réponses, des vérités révélées, alors que le mouvement pour la vérité  sur le 11/9 pose  surtout  des questions.  


Il faut quand  même se poser des questions. D’abord sur les preuves matérielles. Il y a des coïncidences inexpliquées, des témoignages personnels, etc., mais cela ne pèse pas lourd. On en trouve dans n’importe quel événement mondial complexe. Au sujet des preuves  matérielles, peut-on vraiment  devenir un expert  très qualifié en génie civil et mécanique en passant une heure ou deux sur Internet ?


Bien sur que non, mais personne ne le prétend.

 

Si oui, il faut dissoudre  les sections génie civil et mécanique du Massachusetts Institute of Technology. (…) Si vous croyez réellement à l’une ou  l’autre de ces preuves, c’est simple : adressez-vous à des spécialistes capables de les évaluer. Peut-être avez-vous trouvé un physicien quelque part, mais, à ma connaissance, personne n’a voulu proposer quoi que ce soit à une revue professionnelle sérieuse, soumise à la discipline de l’"examen  par les pairs".

 

Pour des avis d'experts, vous en trouverez une ribambelle (architectes, pilotes de lignes, militaires, etc.) sur reopen9/11 à cette adresse là:
http://www.reopen911.info/temoignages.html



Même sans aller jusque-là, on peut consulter les départements universitaires de génie civil et mécanique. Peut-être les membres du "mouvement pour la vérité sur le 11 septembre" pensent-ils qu’ils sont tous dans le coup ? Si le complot est vaste à ce point, on peut aussi bien l’oublier. Les adeptes du mouvement disent qu’ils ont peur. Il n’y a pas de quoi avoir peur. C’est une des positions les plus sûres pour un opposant, tous ceux qui ont un peu d’expérience en la matière vous le diront. En fait, les autorités se montrent assez tolérantes à cet égard.



Aux USA, je ne sais pas, mais en France, certainement pas. Quand ils ne sont pas tout simplement  ignorés, les "adeptes de la théorie du complot", comme vous dites, reçoivent des bordées d'injures et se font traiter d'antisémite ou de révisionniste, ce qui est très à la mode. L'antisémitisme, en France, n'est pas une opinion mais un délit, quant aux révisionnistes, ils n'ont plus droit à la parole  depuis la loi Fabius-Gayssot. Si vous voulez faire taire quelqu'un, il est bon de le traiter  d'antisémite et de révisionniste.

Ce qui nous amène à une seconde question. Pourquoi ce débat autour du 11 septembre est-il si bien toléré ? Je soupçonne le pouvoir de le voir d’un bon oeil. Il capte énormément d’énergies et les détourne des véritables crimes de l’administration, infiniment plus graves. (…) Pensons à l’invasion de l’Irak, ou au Liban. Ou à ce qu’ils font subir à la population  ouvrière des Etats-Unis. (…) Ils commettent des crimes réels, qui suscitent très peu de protestations. Une des raisons - pas la seule, bien entendu -, c’est qu’on dépense énormément d’énergie militante potentielle dans ces polémiques autour du 11 septembre  

Bien sur, on peut considérer le démontage de la propagande officielle comme anecdotique, ou comme un passe-temps sans intérêt. Ce n'est pas mon cas et cela m'étonne de la part de Chomsky. Par ailleurs, considérer que les personnes qui militent  pour une  réouverture  de l'enquête sur le 11/9 ne sont pas sensibles à d'autres sujets tels que la guerre  en Irak ou  au Liban est tout simplement faux !!!  Les deux combats sont intimement liés, le 11/9 ayant servi de prétexte aux guerres.

Du point de vue des gouvernants, c’est excellent. On donne même à ces militants du  temps d’antenne (…), on met leurs livres bien en vue dans les librairies.

Cela a été vrai pour le premier livre de Meyssan, mais c'est bien  fini. Il est aussi arrivé qu'on leur donne la parole dans un débat télévisé, à condition que le débat  soit inégal, que le présentateur coupe la parole au "truther"(c'est l'expression consacrée), et qu'il n'ait en aucun cas le temps d'exprimer une opinion cohérente face à des professionnels des médias qui le réduisent en charpie en un tour de micro. Bref, que l'on  soit  sûr de l'envoyer à l'abattoir. Bourdieu a très bien expliqué cela. 

Très tolérant, comme réaction. (…) Ce n’est pas le genre de réaction qu’on provoque quand on touche aux sujets sensibles.
(…) Et je ne crois pas que leurs preuves soient sérieuses. Ni même que ceux qui les exposent soient capables de les évaluer. Ce sont des questions techniques compliquées. On n’a pas l’air de le comprendre, mais ce n’est pas pour rien que les scientifiques font des expériences, qu’ils ne se contentent pas de filmer ce qu’ils voient par la fenêtre. Car ce qu’on voit par la fenêtre est la résultante de tant de variables qu’on  ne sait pas ce qu’on a dans cet imbroglio si complexe. On peut y trouver toutes sortes de coïncidences inexpliquées, d’apparentes violations des lois de la nature. (…) Donc, découvrir qu’il s’est passé ceci, qu’il est arrivé cela, etc., ça ne veut rien dire.

Tout est compliqué, bien  sûr, mais ce n'est pas une raison pour ne pas s'atteler à la tâche. Les scientifiques eux-mêmes se  posent des questions (
http://www.reopen911.info/dossiers/pdf/ … iciels.pdf ) 
.Par ailleurs, il existe un moyen  très simple pour le gouvernement américain de mettre fin  à la polémique: nous montrer une vidéo d'un avion se crashant sur le Pentagone. Vu le nombre de caméras l'entourant, ce ne devrait pas être trop difficile.. 


L’argument "à qui profite le 11 septembre ?" n’a guère de poids. Dans ma première interview après le 11 septembre, je crois avoir fait cette prédiction  pas particulièrement brillante : tous les pouvoirs du monde allaient  immédiatement exploiter l’événement à leurs propres fins. La Russie allait durcir ses atrocités en Tchétchénie, Israël en Cisjordanie, l’Indonésie à Aceh, et la Chine dans ses provinces occidentales. Aux Etats-Unis on s’en est servi de la façon que l’on sait, mais aussi de beaucoup d’autres, moins médiatisées.
(…) Presque tous les gouvernements ont pris des mesures pour surveiller plus étroitement leur population et ce genre de choses. L’administration Bush  l’a fait aussi. Donc, "à qui profite le crime ?" n’est pas une preuve suffisante de culpabilité.


Ce n'est pas une preuve suffisante, mais c'est un des éléments qui posent question.



L’idée même  n’est pas crédible. Pour qu’il y ait une once de vérité dans les théories sur le 11 septembre, il faudrait qu’il y ait eu un énorme complot, incluant les compagnies aériennes, les médias, la préparation des faux avions. Il aurait fallu mettre au  courant quantité de gens dans l’administration. Ils ne s’en seraient jamais tirés. Même une dictature n’aurait pas pu. C’est une opération vraiment risquée.



Ce qui aurait été très compliqué pour un gouvernement, ou un service émanant de ce gouvernement, ou une partie d'un service émanant de ce gouvernement, serait donc très simple pour quelques terroristes d'Al Qaeda débarqués tout droit de leurs grottes afghanes ? Je vous rappelle que parmi les nombreux mensonges de l'administration Bush, on nous avait promis un repaire de Ben Laden bourré d'électronique hypersophistiquée, et qu'à la finale, il n'y avait rien.



La probabilité d’une fuite est très élevée : ça se serait su tout de suite. Et la moindre fuite aurait aligné tous les dirigeants devant le peloton d’exécution, et sonné  le glas du Parti républicain à jamais. Et pour gagner quoi ? Un prétexte pour faire ce qu’ils auraient fait de toute manière, sous un autre prétexte qu’ils auraient pu trouver".



Le problème de nos prétendues  démocraties occidentales, c'est qu'elles ont besoin d'un minimum d'adhésion des populations pour partir en guerre. Et effectivement, le terrorisme sous fausse bannière est un des moyens d'obtenir cette adhésion.

 

" Les théories sur le 11 septembre (…) exercent le même attrait que le fondamentalisme religieux. (…) Il y a des gens qui n’aiment pas ce qui se passe, qui ont vécu des moments très difficiles, n’ont confiance en personne, et qui n’ont aucun moyen de réagir. Alors ils se raccrochent à quelque chose. Et Internet a un effet pervers. Si c’est un outil merveilleusement efficace pour obtenir des informations, pour l’action politique, pour toutes sortes de choses, il a cependant un gros inconvénient : n’importe qui peut lancer une théorie sur un blog ; cela n’a pratiquement aucun poids, mais ensuite cinq personnes la lisent, et très vite elle entre en croissance exponentielle, jusqu’à devenir une énorme industrie qui s’auto-alimente. Des industries de ce type, il y en a à foison.



De l'avantage et des inconvénients de ce merveilleux outil qu'est  internet.



(…) Je reçois une avalanche d’e-mails. Et une grande part, plusieurs par jour, envoyés par des gens honnêtes et sincères, me demandent : "Dites-moi ce que je peux faire". Les auteurs de ces courriers appartiennent pour la plupart aux milieux aisés, privilégiés. Ils ne sont pas richissimes, mais assez aisés pour s’asseoir à une table un soir et écrire une lettre à quelqu’un. Dans les pays du tiers-monde les habitants ne vous demandent pas : "Dites-moi ce que je peux faire", ils vous disent ce qu’ils font. Mais, là où les populations sont infiniment plus libres, les gens posent toujours cette question : "Que puis-je faire ?" Et un jour ils se disent : Ah, voilà ce que je peux faire : devenir en une heure ingénieur qualifié en génie civil et prouver que c’est Bush qui a fait sauter les tours jumelles.



Certes, le sentiment d'impuissance est organisé, mais que les gens honnêtes réagissent et sortent de cet état léthargique qui convient si bien au pouvoir, c'est tant mieux. Si la manière dont ils le font ne convient pas à Chomsky, c'est désolant, mais cela ne change rien au fond du problème qui n'est pas, y a-t-il eu complot, car il y a forcément eu complot, mais quels en sont les organisateurs ?



Je suis sûr qu’à Washington ils applaudissent des deux mains. (…)"



Ca, c'est moins sûr. Mais je ne doute  pas de la capacité du pouvoir à digérer le mouvement pour la vérité sur le 11/9. C'est la particularité du capitalisme de produire des forces qui travaillent à sa destruction, et de les récupérer pour mieux se renforcer.  Je pense que la plupart des actes dits terroristes sont téléguidés par les Etats qui y puisent de grands profits. Evidemment, il y a des chances que ces terroristes s'autonomisent et échappent au contrôle des Etats, mais à la finale, les services spécialisés arrivent à retourner la situation à leur avantage. L'histoire ancienne et récente nous en fournit de multiples exemples. Il se peut aussi que les services spécialisés s'autonomisent et échappent au contrôle du pouvoir politique, et c'est sans doute ce qui s'est passé le 11/9. Ah, nous vivons un monde compliqué. Voilà résumé en quelques lignes ma lecture des événements, on pourrait écrire des bouquins dessus, d'ailleurs c'est déjà fait, il n'y a qu'à tendre la main pour les trouver. Je crois que Chomsky a mal analysé  la situation  au départ  et  qu’il  se débat  dans une position  qui  n’est pas tenable, prendre  ses distances avec la version  officielle  tout en rejetant les arguments qui la critiquent.. 

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