La critique d'une des idéologies du démocratisme est toujours ambiguë, car se plaçant nécessairement sur le terrain du capitalisme, donc sur une option réformiste, même si elle prend une forme radicale. En cela, tout discours est inutile, superflu. Au final, seul le mouvement historique comptera, et il se passera de nous et de nos discours, puisque nous serons morts. Ces textes ne seront plus qu'un témoignage de nos gesticulations pour comprendre par quel processus notre humanité nous échappe, et c'est très bien comme ça.
Février 2013
REVOLUTIONNARISME/REFORMISME
"Agiter le peuple avant de s'en servir"
Talleyrand
"Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner."
Warren Buffett
"Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes"
Rosa Luxembourg
"Le mouvement de mai 68 ne fut pas une quelconque théorie politique qui cherchait ses exécutants ouvriers ; ce fut le prolétariat agissant qui cherchait sa conscience théorique"
(IS)
"La où commence le Pouvoir finit la Révolution; la où commence l'organisation du Pouvoir finit l'organisation de la Révolution"
Voline
"Eh bien, messieurs, voulez-vous savoir de quoi cette dictature a l'air ? Regardez la Commune de Paris. C'était la dictature du prolétariat."
Engels
Toutes les expériences passées de révolution se sont achevées dans un bain de sang, et ont été détournées de leurs buts originels. Au vu du désastre des révolutions dites communistes, avec leurs millions de morts et l'institution de dictatures bureaucratiques, nous nous devons de n'agir qu'avec vigilance. Si nos révoltes ont été trahies, nos espérances foulées aux pieds des récupérateurs de tout poil, c’est que notre conscience d’exister, de se révolter, n’avait pas atteint son épanouissement total, épanouissement qualitatif et quantitatif. Si cet épanouissement n'est pas acquit, c'est que les conditions historiques ne sont pas mûres.
C’est le grand enseignement des événements passés. Il nous faut rendre visible l’ignominie de notre système, le dénoncer encore et encore, afin de permettre son effondrement sur lui-même. Ce n’est que lorsque les populations seront convaincues du bien fondé du droit à choisir leur destin, dans tous les domaines, que nous révolutionnerons nos vies sans effusion de sang. Il est impossible de faire des concessions sur ce point. Si l’utilisation des armes s’avère nécessaire, alors il nous faudrait impérativement modifier l’essence du mouvement, qui, par la violence, démontrerait son immaturité et sa faiblesse.
La non-violence est une condition sine qua non de la réussite d’une révolution. En utilisant les armes de l’ennemi, nous nous condamnons à un échec inévitable. Non seulement parce que nous ne disposerons jamais d’un armement supérieur à l’ennemi, mais surtout parce que l’utilisation de ces armes pervertirait l’essence même du mouvement. Et si jamais ce mouvement obtenait une pauvre et partielle victoire militaire, c’est qu’il aura été meilleur boucher d’une guerre sanglante, et ce serait donc au prix d’une corruption mortelle de son idéal, de ses objectifs.
N'ayant aucun goût pour le sacrifice ultime, il nous faudra provoquer la fraternisation des forces de l'ordre, quelles soient policières ou militaires. "Casque à terre, crosse en l'air", ce slogan doit nourrir nos actions, nos espérances.
Cette naïveté, ce pacifisme bêlant (petit bourgeois ?) sera notre fierté, notre étendard.
Il est évident que la violence dirigée contre la marchandise n'est pas une violence, mais un acte transgressif libératoire.
Nous sommes condamnés à la perfection dans la réflexion de notre action, et à l’exemplarité de notre action.
Nous comblerons l’apparente faiblesse du désarmement matériel par la mobilisation des multitudes. Car comment croire que les moyens ne conditionnent pas le but, ne sont pas intimement liés à la réussite de l’entreprise ? Qui nous fera croire qu’il existe des maux nécessaires (les armes), des sacrifices indispensables (le martyr, la mort), sinon les idéologies du passé dont, justement, nous avons la prétention inouïe de nous débarrasser ? C’est en nous attirant sur son terrain que le vieux monde compte nous dompter, nous neutraliser.
La fin détermine les moyens, les moyens conditionnent la fin.
Le mythe du grand soir, avec son cortège de souffrances, est à reléguer dans les poubelles de l’histoire. C‘est aussi par ce mythe que l’oligarchie au pouvoir nous maintient dans un coma social profond, un fatalisme intégré, une impuissance ingérée, une aliénation assumée. Il nous faut réinventer la révolution. Adieu le vieux mythe de la révolution fomentée par une minorité éclairée, un parti d’avant-garde ; c’est par ce genre de contes que les médiats nous infantilisent, nous réduisent à l’impuissance.
Depuis peu, le révolutionnarisme se pare de nouveaux atours, s'observe et s'auto-proclame "dissidence" dans un selfie masturbatoire. Ce parallèle avec la dissidence soviétique ne manque pas de sel, vu l'impuissance dont elle a fait preuve face à la bureaucratie soviétique.
Nous devons réaffirmé avec clarté et force ce qui était particulièrement bien exprimé par Marx : l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.
C’est pour l’avoir oublié que les révolutions se traduisent par des bains de sang et se terminent inexorablement par des coups d’état.
Ce qui sous-entend que le prolétariat doit se méfier comme de la peste des élites et avant gardes de toutes sortes. Les avant gardes auto-proclamées sont condamnées à reproduire des bureaucraties et des hiérarchies dont le seul but, in fine, sera de s'approprier les bénéfices des luttes, et donc de les trahir, les assassiner. L'ultime but d'une quelconque "avant-garde" se doit d'être son auto-dissolution, la seule chance de toute révolution est la mort de la dissidence proclamée.
Plus le prolétariat disparaît dans le spectacle du réel, plus il se prépare à se révéler essentiellement. Le surgissement de la vieille taupe est inéluctable, mais imprévisible, dans sa forme comme dans ses échéances.
Ainsi donc le choix serait de participer aux luttes partielles dans un cadre réformiste, les yeux grand ouvert sur l’innocuité de l ‘action, ou d’œuvrer pour le grand chamboulement dans l’obscurité d’un folklore mal assumé…
Chaque époque, chaque génération a généré sa contestation, découvrant ainsi la lune que la génération précédente avait déposée là, dans sa compréhension du leurre universel. Puis, l’âge venant, se vautrant dans un réalisme d’acceptation, sinon d’adhésion, ou mourant à petit feu dans un paradis artificiel et sans espoir .
Au delà de nos envies et de la fulgurance de nos consciences, de nos compromissions et petites lâchetés, la révolution ne sera possible que lorsqu’elle sera nécessaire, c’est à dire lorsque le système capitaliste sera au bout de ses contradictions et que tout cycle de reproduction sera matériellement impossible. Alors, l’idéologie démocratique, le démocratisme, apparaîtra pour ce qu’elle est essentiellement, une baudruche nocive et ridiculement démodée.
Socialisme ou barbarie, comme le formulait la chère Rosa, eh bien nous y sommes, et nous en sommes les acteurs involontaires. Loin du socialisme.
Nous devons comprendre le déterminisme historique comme défi sans tomber dans le volontarisme narcissique. Seule la maturation des temps entraînera dans son sillage la conscience universelle, seule la conscience universelle reconnaîtra la maturation des temps. Affinons notre conscience de façon à ne pas courroucer les esprits de la révolte qui gronde, agissons chaque fois que c’est possible, moquons nous des esprits chagrins qui nous accuserons de compromission. La vie de notre théâtre est compromission, petits arrangements et sinon grands espoirs, du moins grande lucidité.
Le réformisme ne s’oppose pas au révolutionnarisme (ce qui signifie que le démocratisme spectaculaire met en scène leur opposition), ils sont complémentaires et utilisés à bon escient selon les cycles du capitalisme, laissant systématiquement les prolétaires sur le bord de la route.
Sans quoi toutes les luttes menées par nos anciens, toutes leurs pauvres victoires si chèrement obtenues, tous les acquis si chèrement payés ne signifieraient plus rien ! Nada, que couic… Bien sûr que non, c’est le démocratisme qui oppose réformisme et révolutionnarisme, ce sont les mêmes qui parlementent sans fin pour 0,5 % d’augmentation un jour et renversent la table le lendemain.
Qui va jeter la première pierre, quand les luttes existantes n’existent que dans l’impossibilité historique du renversement nécessaire ?
Qui va dénoncer l’obligatoire compromission de ces luttes, quand aucune perspective réellement révolutionnaire ne pointe à l’horizon ?
La cohérence du prolétariat, de ses luttes, ne surviendra que lorsque les conditions d’évolution du capital mondialisé les rendront nécessaires.
Il n’y a pas de traîtres, ni de héros, il n’y a que l’expression possible des luttes en cours et leur succès, ou pas. C’est pourquoi nous revendiquons l’héritage de toutes les luttes , de tous les combats, sans rien renier de la moindre miette cédée par le capital mondialisé, le démocratisme.
Toutes les réformes du démocratisme spectaculaires sont bonnes à prendre si elles améliorent si peu que ce soit les conditions de vie, mais elles sont vouées à un échec retentissant et doivent être dénoncées en tant que telles, car ne s’attaquant qu’à l’écume des apparences, ignorant superbement la réalité du démocratisme à visage (grimaçant) humain : la marchandisation de la vie.
Toutes les solidarités sont bonnes à prendre, bien que dérisoires et fatalement perdues dans l’ignoble spectacle de la charité cathodique.
Tous les appels à la citoyenneté sont respectables, bien qu’entachés structurellement par l’infamie d’une collaboration revendiquée avec le spectacle marchand.
Les tentatives de vie parallèle, en dehors du « système », sont dérisoires mais contentent un narcissisme qui nourrit les séparations en catégorisant l’humain.
Le réformisme, c'est-à-dire l’aménagement du capital, et donc l’acceptation du capital, est voué à une réussite partielle, c’est à dire à un échec total car ne renonçant pas à la logique de la marchandise. Il est dans l’incapacité d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé lui même sans plus oser les afficher, soit une redistribution plus juste de la richesse produite, et donc une redistribution plus juste de l’aliénation induite par ces marchandises.
Le révolutionnarisme, l’opposition radicalement spectaculaire du capital, c’est à dire le capital organisant spectaculairement son opposition, prétend, lui, rompre avec le système marchand, mais sans abolir ni l’argent ni la marchandise et inévitablement s’engouffre dans des logiques de continuation du capitalisme : le parlementarisme, sur lequel il compte pour se financer ou l'avant-gardisme, c'est à dire la certitude que le prolétariat ne saurait s'organiser pour enfin détruire le capitalisme; et s’organise en partis politiques, toutes structures qui le condamne à l’impuissance. Découvrant l‘inefficacité de ses gesticulations, il oublie la lutte des classes pour la défense des minorités, ce qui lui permet de s’affirmer dans le spectacle des luttes sociétales. Son acceptation du système marchand se cache dans la virulence de ses paroles et écrits. Il ne se justifie que par une surenchère verbale et des postures médiatiquement radicales, c'est-à-dire radicalement médiatiques et dont l’innocuité le dispute à l’ennui.
Les deux accompagnent le capital vers son implosion, en l’encourageant tel l’aveugle guidant le sourd dans un monde de cul-de-jatte. Les deux sont des sous produits du capital, utiles selon la période, nourrissant l’espoir ou canalisant la colère.
De même que le faux est un moment du vrai, le réformisme est un moment du révolutionnarisme, et les deux seront balayés ensemble ou le démocratisme se jouera des oppositions qu’il a lui-même créé et perdurera.
La bourgeoisie révolutionnaire de 1789/1793 possédait le capital naissant et se devait de prendre le pouvoir politique afin d’harmoniser les sphères économiques et politiques, et permettre ainsi l’optimisation du processus de valorisation. Harmonisation appelée « abolition des privilèges », (mais libérant le prix du grain pour le soumettre au marché, mais pressurant la petite paysannerie en l’expulsant de ses terres pour la soumettre au salariat, mais interdisant toute forme de syndicat ou association de travailleurs) pour révolutionner le politique afin de maximiser les performances, la rentabilité des investissements.
Mais le capital, dans son processus de valorisation, d’affirmation, a dépossédé la bourgeoisie. La bourgeoisie, dans sa manifestation économique, n’existe plus. Le capital constant, les moyens de production sont allés s’éparpiller sur des terres à bas coût de main d’œuvre, ou ont rejoint le « cloud ». N’existe plus que des salariés, au service du capital. Plus ou moins rémunérés, plus ou moins exploités mais salariés et donc prolétaires. Et parmi ces prolétaires, beaucoup détiennent une partie du capital sous la forme d’actions, d’assurance vie, d’assurance retraite ou autres, et c’est là le suprême achèvement du capital réalisé, achevé, mais moribond. Et la crise qui s’annonce aura l’immense vertu, en réduisant la valeur à zéro, de foutre à poil les couches aisées, qui n’auront plus que leurs yeux pour pleurer. La révolution ne se fera que sur l’effondrement du capital, et donc l’effondrement des suppôts du capital, qu’ils soient salariés ou capitalistes, c’est à dire détenteur des moyens de production, de pouvoir sur la vie, la sienne et celle des autres. Face à cet effondrement, le monde ancien perdra ses derniers défenseurs, du fait qu’il n’y aura plus rien à défendre ni à attaquer. C’est cet ultime spasme de l’histoire qui unifiera l’humanité dans son essence originelle, balayant les fantasmes de grand soir, de révolution violente, de dictature du prolétariat. Et c’est la nouvelle donne du défi révolutionnaire : abattre un concept, un système abstrait, ce qui ne saurait se produire sans à-coups, mais la conscience du cheminement permettra cette révolution sans violence.
Le prolétariat ne possède rien, sinon sa force de travail, mais il est déjà tout et donc universel (il n’a rien mais est tout), et se devra d’abolir tous les pouvoirs en détruisant la société de classes, c’est à dire en travaillant à sa propre abolition. Le prolétariat universel, pour s’autodétruire, n’a pas d’autre solution que d’affirmer sa non soumission, son émancipation du capital et cette tâche sera grandement facilitée par la disparition crisique de la monnaie, du fait de la disparition de la valeur, et donc du capital. C’est quand le plus riche des prolétaires s’apercevra que l’argent ne se mange pas que s’offrira à lui le choix de rejoindre les humains ou de disparaître.
Capital et foncier n’auront plus de sens du fait qu’aucun humain n’acceptera d’entretenir, de cultiver et de bâtir (de travailler) pour un capitaliste qui n’existe plus.
Seule cette perspective d’une révolution sans violence est non seulement acceptable mais réaliste. Tout autre soubresaut historique verra une minorité avant-gardiste s’emparer de parcelles de pouvoirs (et par là signifier sa mort), car la conscience de son action n’aura pas atteint la maturité nécessaire à son émancipation. Maturité qui ne peut surgir que par l’apprentissage, lent et difficile, c’est à dire réformiste, du prolétariat finalement révolutionnaire dans sa lutte contre le capital. Tout succès, mais aussi tout échec dans cette lutte est un pas vers cette révolution tant attendue et si nécessaire. Nous n’aurons pas à ramasser le pouvoir (Lénine) pour le mettre au service du prolétariat (ou au service d’un parti, fût-il bolchevique), mais à l’enfoncer sous terre, qu’il disparaisse à jamais, entraînant avec lui le prolétariat et l’hyper-classe mondialiste dans un gigantesque trou noir.
Opposer réformisme et révolutionnarisme n’a pas de sens, Le prolétariat est réformiste tant qu’il n’a pas effectivement réalisé la révolution. Ce sont les mêmes acteurs agissant consciemment, dans la plénitude du moment historique qu’ils vivent, mais dans l’impossibilité de transcender leur époque et les limites qu’elle impose, et ce jusqu’au moment où ces limites implosent.
Faisons confiance au peuple ou rentrons chez nous.
Spéculer sur l’organisation future d’une société communiste n’a pas de sens . Personne ne sait dans le détail comment s’organisera une communauté sans marchandise et sans argent. De même que personne au moyen âge ou sous l’ancien régime n’aurait imaginé ni la complexité du système marchand, ni l’absurdité d’une économie basée sur le profit et la concurrence, de même il nous est impossible de prévoir dans le détail l’immense éventail des rapports humains qui s’offrent à nous dans une société sans argent ni travail. Tout au plus pouvons nous esquisser à grands traits les ressorts qui jailliront spontanément par cette humanité retrouvée.
Le capitalisme n’a pas été théorisé à l’avance, mais analysé au fur et à mesure de son expansion, sans qu’aucun humain ne maîtrise quoique que ce soit , ni sur sa naissance, ni sur son évolution. Chacun réagit au coup par coup, ce qui n’est évidemment pas sans influence sur le cours des choses, mais qui ne change rien à la direction historique du totalitarisme de l’expansion marchande. Un Jaurès aurait survécut, et la première guerre mondiale aurait eut lieu malgré tout, un Hitler serait mort à la première que la seconde ravageait la planète de toutes façons. Un peu plus tôt, un peu plus tard, sous une autre forme peut-être, mais tout aussi meurtrière et dévastatrice, et ce parce que toutes les conditions de la boucherie étaient réunies et que les contradictions du capital étaient mûres pour une vaste destruction marchande. Rebattre régulièrement les cartes est une nécessité, quel qu’en soit le prix. S’en suit la nécessaire idéologie justificatrice et son cortège de mensonges historiques: le démocratisme.
Pour que la non-violence ait une chance de réussite, il faut que les révolutionnaires soient infiniment plus nombreux que les indifférents et les contre-révolutionnaires. Seul le quantitatif assurera la non violence, et de la convergence des énergies multiples émergera le terreau indispensable au qualitatif. Seul le qualitatif nous apportera le quantitatif, car personne ne nous rejoindra dans la médiocrité. Quantitatif et qualitatif sont indissociables, indispensable à l’invention d’une nouvelle vie.
Ce qu’il est convenu d’appeler le printemps arabe n’est pas encore une révolution. Si c’était le cas, aucun grand médiat n’oserait la soutenir. Les journalistes chieraient dans leur froc, où démissionneraient immédiatement pour rejoindre le mouvement. Il s’agit au mieux de revendications, soutenues par de très traditionnelles manifestations, mais dont le petit nombre de participants (en rapport aux 80 millions d’égyptiens) ne peut assurer le succès. Dès lors, le processus qui s’ensuit mène soit au délitement progressif, soit à la violence d’une minorité toujours avide de pouvoir, et toujours susceptible d'être infiltrée et manipulée par des forces extérieures. Il convient de plus de clairement dissocier le cas de la Tunisie et de L’Égypte, où ont émergé de réels mouvements populaires, de celui de la Libye et de la Syrie, où les forces à l’œuvre sont évidemment armées et pilotées par des puissances aux buts non avouables : la destruction de tout régime stable dans ces contrées, l'établissement d'un néocolonialisme par l'éclatement des peuples sur des bases religieuses ou ethniques .
Quelques que soient les revendications, qu’elles soient satisfaites ou non, ces manifestations ne peuvent mener à une révolution que si les manifestants s’organisent en grève générale illimitée, la seule arme de destruction massive du capitalisme, la seule arme qui associe qualité et quantité. Le seul moyen de se réapproprier notre vie, ce sont les conseils ouvriers, salariés qui permettront d’abolir ce système où la concurrence, la compétition, le productivisme, le profit sont les seules valeurs reconnues.
La grève générale illimitée n’est pas une revendication, elle est une affirmation de force, elle est la révolution, elle est la lutte finale, elle est le bouillonnement créatif de tous pour tous, elle est l’abolition du salariat, de l'argent, elle est la promesse d’un avenir radieux.
C’est pour l’avoir oublier que nous courrons d’échecs en échecs. C'est en se la réappropriant que nous volerons vers notre destin.
Il va sans dire que les écrits ici exposés, en tant que modeste contribution à l’expression d’une perception de la réalité du moment, peuvent être copiés, cités, déformés, utilisés. Ils sont mis à la disposition de ceux qui y trouvent un intérêt, ni plus ni moins. En cela, ils n'ont aucune valeur marchande et n'appartiennent qu'à ceux qui en prennent possession. Ils ne se conçoivent que dans l'anonymat, non parce que l'auteur ne les assume pas, mais parce ce travail ne peut être compris que comme une évidence.