La critique d'une des idéologies du démocratisme est toujours ambiguë, car se plaçant nécessairement sur le terrain du capitalisme, donc sur une option réformiste, même si elle prend une forme radicale. En cela, tout discours est inutile, superflu. Au final, seul le mouvement historique comptera, et il se passera de nous et de nos discours, puisque nous serons morts. Ces textes ne seront plus qu'un témoignage de nos gesticulations pour comprendre par quel processus notre humanité nous échappe, et c'est très bien comme ça.
31 janvier 2016
Modernisme
"Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés."...
"De nos jours, chaque chose paraît grosse de son contraire. Nous voyons que les machines douées du merveilleux pouvoir de réduire le travail humain et de le rendre fécond le font dépérir et s´exténuer. Les sources de richesse nouvellement découvertes se changent, par un étrange sortilège, en sources de détresse. Il semble que les triomphes de la technique s´achètent au prix de la déchéance morale."
Karl Marx
"Dieu se gausse des créatures qui déplorent les effets dont elles chérissent les causes"
Bossuet
Contrairement à l'écrasante majorité de l'humanité dans son historicité, nous mourrons dans un monde essentiellement identique, mais spectaculairement différent de celui dans lequel nous sommes nés.
Ce qui était condamné par les tribunaux se retrouve remboursé par la sécurité sociale, les principes mêmes du droit international sont bouleversés, les distances sont abolies et les relations humaines sont aussi multiples que virtuelles. Le monde marchand nous encercle, nous dévore jusque dans notre intimité.
La laideur, physique, morale, affective, intellectuelle, de ce monde moderne est proportionnelle à l'avancée du monde marchand. Tout est soumis au profit, rien n'est humain. Le laid est promu au rang de valeur universelle, l'amour est désuet, la violence généralisée.
Le monde du travail est broyé au nom d'une soi-disant flexisécurité, le code du travail déchiqueté par des politiciens véreux.
La pornographie s’attelle à la formation de générations d'impuissants, assassine nos fantasmes.
La bien-pensance du genre nous intime l'ordre de choisir notre sexe, en toute objectivité, bien sûr.
La perte des repères trouve son point culminant dans le déni du corps et du déterminisme biologique. La nouvelle contagion du transgenrisme (en augmentation de 4000 % en dix ans en Angleterre) est la fabrique de monstres à l’apparence sexuée, mais réellement amputés des attributs fondamentaux de la reproduction sexuée par une médecine dégénérée au service du fric, le toujours bon pognon qui anesthésie les consciences. Ce commerce engendre un trafic de médicaments hormonaux accessible aux mineurs en quelques clics.
Les victimes lobotomisée de ces boucheries chirurgicales comptent sans doute sur l’intelligence artificielle pour sublimer leur incapacité à jouir d’eux mêmes. Le démocratisme atteint son point ultime en proposant une mutilation définitive et réelle de son être (intégrité) physique, de son psyché. Cette séparation est bien sûr, et comme toujours, présentée comme une union, ou réunion du corps et de l’être fantasmé, ressenti. L’inversion est réclamée comme un droit, et ce droit comme une libération évidente.
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"Il s’appelait Christian. Depuis ce printemps, le, ou plutôt la lieutenant-colonelle Hug, se prénomme Christine. Mascara, léger khôl, ongles manucurés et serre-tête fixé dans des cheveux mi-longs, tout cela contraste avec le treillis militaire et les rangers. Christine Hug commande un bataillon de chars blindés, soit près de 900 soldats, tout en travaillant à l’état-major général. A 39 ans, elle est la première transgenre haut gradée de l’armée suisse, avec ses deux «nouilles» de lieutenant-colonelle sur les épaule"
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La finance et le hight trading envahissent tous les domaines, du brevet du vivant jusqu'à l'eau et l'air que nous respirons.
La santé nous est vendue en pilules et radiations.
Les ventres féconds se louent, les bébés se choisissent sur catalogue, se vendent au prix fort et la mort s'organise comme la prochaine sortie au cinéma. Les vieux ne sont plus adaptés au nouveau monde, on les rassemble et les parque en haussant les épaules.
L'élite se projette comme "augmentée", la tourbe, lorsqu’elle ne détourne pas le regard, écarquille ses yeux incrédules.
Les robots humanoïdes aux émotions programmées, reflets de l'humanité robotisée, misérable ersatz du peu d'esprit qui nous reste, promettent de nous bercer sans cesse achevant ainsi le processus d'anesthésie.
Véganisme, anti-spécisme, nouveau hochet de la société de l'indistinction confusionnelle. Moderne dérivatif des véritables enjeux. Il est indispensable de braquer les projecteurs sur l'horreur des conditions de vie de certains animaux pour maintenir l'obscurité sur l'ignoble barbarie démocratique. Toujours désigner de nouveaux combats partiels inféodés au spectacle pour éluder la lutte des classes. Éparpiller les consciences saupoudrées d’humanisme mal compris, neutraliser les velléités de révoltes, inverser les priorités, affirmer spectaculairement ses indignations pour mieux dissimuler l’essentiel insupportable : l’écartèlement de l’homme et de son être véritable par l’argent, le travail, la marchandise, triumvirat triomphant, se présentant telle une évidente et naturelle éternité, mais nécessairement fragilisé par les récurrentes et redondantes crises (qu’il faut bien gérer, par ce subterfuge ou autres), dans l’attente du spasme final.
Le "tittytainment" se généralise, nous pouvons crever dans un grand éclat de rire. Le loisir systématique côtoie la misère généralisée, la concomitance entre la promotion d'une société "festive" et le déferlement d'actualités médiatiques insupportables (au sens premier), provoque la sidération recherchée, la schizophrénie volontaire. L'injonction du plaisir marchand tout azimut simultanément à celle de la solidarité non stop et universelle avec toute la misère du monde gave nos consciences d'un insupportable venin, provoquant la conviction de notre impuissance.
L'insécurité générée par ces constantes remises en question déclenche angoisse et agressivité.
Ces bouleversements, forcément présentés comme progrès, ont une racine commune: l'extension de la marchandise à tous les domaines de la vie, c'est à dire le rétrécissement, la dépréciation de notre humanité.
Le modernisme se caractérise donc par l’extension universelle de la marchandise et de l’idéologie qui l’accompagne en le soutenant : le démocratisme. Ce qui est particulièrement bien résumé par l’adage populaire : "c’était mieux avant", qui n’exprime pas la nostalgie de nos vingt ans, mais une réalité : c’était mieux, bien sûr, car le monde marchand était moins prégnant, moins invasif, moins dictatorial. Car il existait encore des zones échappant à la marchandisation, au séparé, au mort né.
Dans les sociétés traditionnelles, du « avant », les anciens étaient respectés pour leur expérience, leur sagesse. Dans la société moderne, celle du capitalisme réel, le vieux est parqué en maison de retraite car ne comprenant rien aux nouvelles technologies que (qui) génère(nt) ce monde de pacotilles, de faux réel, ou de vrai virtualité qui les assaille. Complètement improductif, reste à le spolier définitivement des pauvres biens qu’il a accumulés grâce à la marchandisation du grand âge, puis de la mort.
Le progrès est toujours le progrès du capital.
Ce que l'on ose appeler "le progrès" est l'histoire de l'émancipation extensive, incessante de la marchandise, proportionnelle à celle de la réification des rapports humains. La courbe exponentielle de cette expansion infinie est la bulle économique finale dont l'explosion éclaboussera le genre humain, permettant la renaissance de l'homme nu, mais plein d'une énergie nouvelle car anti-hiérarchique, anti-compétitive, anti-politique, anti-économique.
Ceux qu'on appelle progressistes font partie du peloton de tête des aficionados de cette hégémonie en marche.
Le démocratisme moderne isole l’homme dans la sacralisation de l’individu. Les droits de l’homme sont avant tout les droits de l’individu. L’individu démocratique est un être profondément seul, relié à ses congénères par la marchandise, c'est-à-dire par quelque chose qui lui échappe et s’autonomise, pour finalement le maitriser. Son destin, qu’il s’enorgueillit de dominer, plane au dessus de ses désirs et convoitises, comme le polichinelle des manèges échappe à l’enfant qui tourne en rond.
Mais jamais l’individu n’aura jamais été aussi dépendant du système marchand qui (qu'il) l’a (a) façonné et qui (qu'il) l’accompagne tout le long durant. Dépendant dans sa survie physique, sociale, mentale.
Isolé et dépendant, l’individu démocratique se meurt à petits feux, cherchant son ego perdu dans les marchandises qui l’entourent
La marchandisation de l'humain démontre l'inhumanité de la marchandise.
La marchandise initiale, à la source de toutes les autres, et donc à abattre en priorité, est l'argent.
L'accélération de cette extension, et donc l'étendue et l'intensité de notre aliénation au monde marchand, est la réalité de ce que les mediat appellent modernisme. Par voie de conséquence, celui qui lutte, dans la mesure de ses moyens, contre ce mouvement sera qualifié de réactionnaire. Celui qui met à jour les rouages du pouvoir, la nature mafieuse de l'oligarchie, sera qualifié de complotiste. Et s'il obtient une quelconque notoriété, le qualificatif de fasciste et néo-nazi est censé l'ostraciser définitivement.
En finalité, le système spectaculaire marchand intégrera la critique la plus radicale, quelle qu'elle soit. Il la digérera et la vomira dans ses hauts lieux de culture, afin de l'exposer au bas peuple après s'être assuré de l’innocuité du virus, par une manière de vaccination sociale et médiatique. Ainsi nous trouvons Karl Marx, Bakounine ou Guy Debord dans les rayons des multinationales et des bibliothèques d'état. Aussi subversifs que soient leurs écrits, ils ne représentent qu'un instant de la lutte contre le monde marchand, et n'échappent pas au destin de toute production humaine : la digestion marchande.
Cette digestion s'opérera tant que les contradictions du système ne seront pas arrivées au paroxysme des consciences, que le peuple, s'ébrouant dans un réflexe de survie, ne rejettera pas avec dédain les derniers spasmes du capitalisme mortifère.
Même pas peur, nous dicte le capital. Et il a bien raison, car aucune élite, aucune avant-garde ne le mettra à genoux. Seul le paroxysme de ses contradictions internes nous donnera la force d'abattre ce monde, car devenu effectivement invivable.
Paradoxalement, c'est en prenant conscience de notre impuissance que nous précipiterons le monde marchand à sa perte, pour enfin prendre nos vies en mains.
Le capital pervertit tout ce qu'il touche, le problème (et la solution) est qu'il touche à tout.
Les excréments du capitalisme nous éclaboussent, leur puanteur nous asphyxie, la montagne de ses déchets nous submerge… Il faudra bien qu'un jour tout cela cesse.
Le 02/07/2022
WOKISME/CANCELISME
Le wokisme, par son origine linguistique, nous indique le point d’émergence de cet ersatz de la pensée : là ou le démocratisme se trouve dans l’état le plus avancé de décomposition, les USA. En Europe, il fait suite à des mouvements tels « les indignés » et autres « nuits debout », à la différence que le wokisme ne se préoccupe que du volet sociétal, dédaignant le peu de social qui animait ses prédécesseurs. C’est une avancée dans la réification de la perception du monde, et nous pouvons lui prédire sans grand risque le même destin.
Le wokisme tente de détruire notre perception de l'histoire, puis l'histoire elle même (cancelisme). Comme toujours, le démocratisme génère l'idéologie la plus adaptée à son avancement, c'est à dire à son pourrissement. Le capital produit l'idéologie accompagnant son déclin, tentant de justifier spectaculairement la réalité de sa chute.
Espérons que de toute cette bouillie indistincte jaillira un terreau fertile.
Plus le monde marchand envahit notre univers, plus il s'installe dans notre intimité et plus il est difficile à cerner. Le wokisme se présente comme toujours sous l'angle bienveillant de la destruction des idéologies ringardes, vouées aux poubelles de l'histoire, et des discriminations sexuelles, raciales. Il s'affirme comme chevalier blanc (!) du monde moderne, un monde sans discrimination, où l'humain construirait enfin son écosystème dans l'harmonie égalitaire, aussi bien dans sa relation aux autres, et plus particulièrement les discriminés auto proclamés, qu'avec la nature que l'homme (blanc) s'enorgueillit de dominer (terme à bannir).
On reconnait là l'idéalisme traditionnel des biens pensants, toujours du bon côté du spectacle mais ne percevant jamais la racine des problèmes et se condamnant par la même à l'impuissance au mieux, à la collaboration avec le système le plus souvent.
Le wokisme ne sort pas de nulle part,. Comme toute nouvelle idéologie, il est promu par l'oligarchie qui elle même suit les intérêts et avancées des forces productives. Le démocratisme se paye ainsi de nouveaux atours pour pas cher, et écarte toujours plus loin le seul et unique combat : la lutte des classes.
La prétention du wokisme à effacer des idéologies malfaisantes, puis à détruire les traces de ces idéologies (cancelisme) au nom du bien est évidemment un totalitarisme nouveau, sans peur ni reproche, mais pas sans conséquences. Ses bébés sont la confusion, l'indistinction des genres, des races, et la condamnation à sens unique de la civilisation occidentale, affublée de tous les péchés du monde, supposée être la seule oppressante face aux autres, idéalisées et victimisées.
La suppression des repères contribue à l'oubli des combats essentiels.
C'est en abattant le capital que nous élimineront toutes ces idéologies enfantées par le monde marchand, et non l'inverse. S'imaginer un monde sans dominants/dominés au sein du démocratisme est illusoire et dangereux. C'est entretenir un leurre, détourner les énergies du vrai combat, faire le jeu du démocratisme. Comme le disait le grand Karl :
“Donnez-moi le moulin à vent, et je vous donnerai la société féodale; donnez-moi la machine à vapeur et je vous donnerai la société capitaliste industrielle.”
Nous pourrions ajouter : donnez moi internet et je vous donnerai le capitalisme spectaculaire réel achevé.
C'est bien l'avancée des forces productives qui détermine la structure politique du capital (son organisation plus ou moins étatique, commerciale, financière, libérale, militaire), et non l'inverse, même si l'idéologie suscitée par cette structure en soutien à cette structure n'est pas sans influence. S'imaginer que le dernier avatar idéologique récemment éclos du chaudron démocratique (ici le wokisme) peut en quoi que ce soit être à l'origine d'une avancée des droits humains, c'est confondre l'effet et la cause, c'est inverser le réel et son spectacle, c'est forger ses propres chaînes tout en les proclamant libératrices.
Le wokisme nous jette dans un univers confus, où tout se vaut et est donc sans valeur, sans priorité, où l'homme est ce qu'il prétend être, refusant tout lien avec la réalité factuelle. C'est une dérive dramatique vers plus de soumission volontaire des pauvres hères s'imaginant œuvrer pour leur libération tout en entonnant la berceuse hypnotique du mondialisme triomphant.
Nul besoin de comploteurs pour l'élaboration d'une telle chimère. L'idéologie s'impose d'elle même, par évidence bien pensante, d'une immanence perçue de tous, vaguement ressentie dans un premier temps, puis s'imposant dans le discours dominant pour finalement s'épanouir réellement dans des actes et faits initialement minoritaires, mais submergeant rapidement les médiat, meilleurs vecteurs du démocratisme triomphant.
https://democratisme.over-blog.com/2016/01/modernisme.html
Il va sans dire que les écrits ici exposés, en tant que modeste contribution à l’expression d’une perception de la réalité du moment, peuvent être copiés, cités, déformés, utilisés. Ils sont mis à la disposition de ceux qui y trouvent un intérêt, ni plus ni moins. En cela, ils n'ont aucune valeur marchande et n'appartiennent qu'à ceux qui en prennent possession. Ils ne se conçoivent que dans l'anonymat, non parce que l'auteur ne les assume pas, mais parce ce travail ne peut être compris que comme une évidence.